Un mois déjà
qu'a commencé ma nouvelle vie. Un mois déjà, un mois seulement...Au fil des jours naissent et se mêlent des sensations contradictoires qu'il me faut accueillir, parfois difficilement. Je me sens déjà chez moi ici et pourtant si souvent perdue.
Je n'ai plus aucun de ces petits repères quotidiens qui facilitent la vie. Je ne connais pour l'instant quasiment que le chemin qui mène de mon domicile à mon lieu de travail avec quelques détours par la librairie - lieu de perdition et de plaisir !!!- et par les salles de cinéma. Se préoccuper avant tout de l'essentiel !
En un mois, je n'ai créé de relations que professionnelles. Ma région natale ne me manque pas, mais je me languis de mes amis, de ma soeur, de ma fille aînée restée au loin. Le téléphone ne suffit pas. Ce soir, dans le silence de la maison, je mesure "l'épaisseur" de cette solitude, la solitude sociale... Je sais qu'il me faudra du temps pour tisser un nouveau réseau amical, mais je me sens impatiente, dans l'urgence, pressée par l'angoisse de ne pas y arriver.
Alors, je m'efforce de voir les progrès accomplis...je me retourne et regarde dans le sable la trace des petits pas posés les uns après les autres. Je n'oublie pas la sensation des tout premiers jours : celle d'être étrangère au monde qui m'entoure, d'être dans un pays inconnu dont je comprendrais la langue mais sans la parler...
Je ne regrette absolument pas la décision qui me fit refermer la page et décider de quitter ma région natale à plus de quarante ans. De tout quitter. Je portais en moi depuis longtemps l'envie de partir, de vivre ailleurs. Je ne me suis jamais sentie enracinée là-bas. Je ne me sens pas déracinée ici. Juste un peu trop seule à mon goût parfois.
Retrousser mes manches, bêcher cette nouvelle terre pour en faire le terreau fertile de mon avenir. Garder l'énergie optimiste qui m'a portée jusqu'ici. Tout est possible... Reste à le construire.
